C’était à Qamişlo pendant l’été 2017. Elle me racontait qu’elle s’était entraînée avant de partir pour être sure d’avoir la condition physique nécessaire pour assurer la formation militaire et ensuite le combat. Au lieu de cela, elle se retrouvait à grignoter des graines de tournesol toute la journée et buvant du thé trop sucré. Elle riait en me racontant qu’elle maîtrisait à présent la technique qui permet d’extraire la fameuse graine de sa coquille avec la langue.

Les YPJ ne voulaient pas l’envoyer au front. Mais elle était déterminée. Elle était venue pour se battre aux côtés de ses sœurs révolutionnaires kurdes. Pour elle, il était hors de question de rester a l’arrière alors que ses camarades étaient au front. Elle avait cet aplomb, cette sérénité que seules les révolutionnaires peuvent avoir. Et cet air de ne pas se rendre compte de la grandeur de ses actes. Pour elle, c’était une évidence, sa place était auprès de celles et de ceux qui luttaient pour la liberté. Un ami se souvient que ce soir-là, je lui ai parlé de cette rencontre avec une femme qui m’avait beaucoup impressionnée. Elle était tellement libre, tellement belle.

Hêlîn n’est pas morte, parce que son héroïsme a inspiré des milliers d’entre-nous à travers le monde. Elle n’est pas morte car nous allons poursuivre sa lutte en sa mémoire. Elle vivra a travers chaque internationaliste qui prendra les armes pour défendre la démocratie au Rojava ou ailleurs. Elle vivra dans nos grèves et nos manifestations, avec chaque structure répressive que nous allons brûler, chaque institution démocratique que nous allons créer. On se souviendra d’elle comme l’une des plus grandes héroïnes de notre époque.


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